Article Les Echos du 18/07/2024 :

https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/baisse-des-taux-la-bce-choisit-le-statu-quo-en-attendant-dy-voir-plus-clair-2108723

 

La Banque centrale a choisi ce jeudi de maintenir ses taux directeurs à leur niveau actuel. Elle attend une série de données mises à jour en septembre pour décider ou non d’un nouvel allègement.

Pour le Conseil des gouverneurs, il était urgent d’attendre. Sans surprise , la Banque centrale européenne a opté pour le statu quo pour sa dernière réunion de politique monétaire avant la trêve estivale. Après avoir baissé d’un quart de point de pourcentage le 6 juin dernier, le taux de dépôt, le « refi » et le taux de la facilité de prêt marginal de la BCE restent à 3,75 %, 4,25 % et 4,50 %.

Les membres du directoire de l’institution de Francfort avaient largement laissé entendre que cette réunion de juillet permettrait avant tout d’évaluer les effets de la première baisse de taux, et de vérifier que les prévisions économiques mises à jour en juin se confirmaient. Mais pas d’agir sur la politique monétaire. Résultat : « la transmission de la décision de juin à l’économie s’est déroulée sans anicroche », s’est félicitée lors de sa conférence de presse la présidente de la BCE, Christine Lagarde.

Septembre incertain

Mais l’interrogation principale des marchés était de savoir si, oui ou non, une baisse de taux pouvait être envisagée lors de la prochaine réunion. La réponse de la présidente de la BCE a été ambiguë à souhait. « En ce qui concerne septembre, et ce que nous pourrions alors faire, la question reste pleinement ouverte », a affirmé la Française.

Autrement dit, rien n’est certain, et tout dépendra de l’évolution des données économiques. Ce qui renforce toutefois l’idée que les baisses de taux ne seront décidées que lors des réunions de fin de trimestre, lorsque sont présentées les projections des économistes de la BCE. Sur les marchés, on continue donc de tabler – pour les plus pessimistes – sur un assouplissement en septembre ou en décembre. Et pour les plus optimistes, sur un allègement lors des deux réunions.

« Nous allons recevoir beaucoup d’informations dans les prochaines semaines et les prochains mois », a insisté Christine Lagarde, reprenant les termes de son discours de Sintra début juillet. Mais d’ores et déjà, les analystes cherchent à déterminer les tendances. La présidente de la BCE a reconnu, dans son discours introductif, que des risques existaient dès maintenant pour la croissance de l’économie européenne et non plus à moyen terme comme elle l’avait expliqué en juin. Ce qui plaiderait plutôt pour une baisse de taux en septembre.

Dans le même temps, l’inflation ne recule pas bien vite – elle est passée de 2,6 % en mai à 2,5 % en juin – et la BCE veut voir des signes plus encourageants pour lancer un véritable cycle d’assouplissement. Christine Lagarde s’est en tout cas montrée confiante dans l’évolution des salaires, estimant que les hausses de rémunération récentes étaient un effet retard des pics d’inflation, et qu’elles devraient ralentir en 2025 et 2026.

Inquiétudes sur la France

La question sensible de la situation économique et politique dans certains pays de l’Union européenne (sans citer nommément la France) a aussi été posée. Avec la crainte que certains d’entre eux ne se résolvent pas à mener le nécessaire assainissement de leurs finances publiques. Au risque de fragiliser la zone euro et d’impacter la transmission de la politique monétaire.

Sans viser tel ou tel Etat en particulier, là encore, Christine Lagarde a rappelé son très fort attachement au respect des règles du jeu communes adoptées par les Européens en matière d’équilibres budgétaires. « Nous saluons les récentes orientations de la Commission européenne appelant les Etats membres de l’UE à renforcer la viabilité budgétaire, et la déclaration de l’Eurogroupe sur l’orientation budgétaire pour la zone euro en 2025, a-t-elle déclaré. La mise en oeuvre complète et sans délai du cadre révisé de gouvernance économique de l’UE aidera les gouvernements à réduire durablement les déficits budgétaires et les ratios d’endettement. » Elle pensait alors très fort, sans doute, à son pays natal.